108                        RECHERCHES SUR MOLIÈRE.
témoins et amis : Marie le Camus, marquise de Flamanville, femme d'un lieutenant général des armées du roi, Pierre d'Argouges, écuyer, sieur de Saint-Malo, et sa femme, Louise Largillier-Dalencey.
Le contrat de mariage de Madeleine Poquelin diffère no­tablement des autres actes de ce genre. La première stipula­tion est « qu'il n'y aura aucune communauté de biens entre lesdits sieur et damoiselle futurs époux, nonobstant la cou­tume de cette ville de Paris et toutes autres coutumes con­traires, auxquelles est expressément dérogé et renoncé pour ce regard. » Plus loin, il est convenu que la « future épouse tiendra à loyer la maison qui sera convenable pour leur habitation commune, et fera la dépense du ménage de ses deniers et à ses frais, pour raison de quoi ledit sieur futur époux lui payera une pension annuelle, telle qu'elle sera convenue et arbitrée entre eux. » En outre, « pour éviter la confusion des biens et droits appartenant à chacun desdits sieur et damoiselle futurs époux, il en a été fait et dressé deux états séparés, l'un de ceux appartenant audit sieur futur époux, l'autre de ceux appartenant à ladite damoiselle fu­ture épouse » lesquels états « sont demeurés annexés à ces présentes. » Le douaire est fixé à dix mille livres, « et Rour l'étroite et singulière amitié que ladite damoiselle future épouse porte audit sieur futur époux, voulant lui en donner des marques certaines, » elle lui fait une donation irrévoca­ble de tous les biens meubles et immeubles qui se trouveront lui appartenir « au jour du décès de ladite damoiselle future épouse. » Cette donation doit cependant demeurer nulle, si M. de Montalant décède avant Madeleine Poquelin ou s'il naît des enfants de leur mariage.
La fille de Molière et d'Armande Béjard avait appris à ses dépens les inconnients de la communauté, et, en faisant annexer à son contrat des actes constatant la différence de fortune qui existait entre elle et M. de Montalant, elle prnait une précaution dictée par l'expérience du second ma­riage de sa mère. En effet, M. de Montalant ne possé-